Saint-Paul-en-Born : journal de la guerre - 1914-1918
par Prosper Dupart
C’est un manuscrit de son arrière-grand-père que Pascale Laplagne ne voulait pas laisser sans postérité. Un texte remarquable, bouleversant, commencé le 1er août 1914, qui retranscrit au jour le
jour les conséquences de la Première Guerre mondiale à Saint-Paul-en-Born. L’auteur est l’instituteur de la commune : Prosper Dupart.
Prosper Dupart connaissait tous les enfants de Saint-Paul-en-Born mobilisés de 1914 à 1918. Il les avait eu comme élèves dans l’école communale, souvent il connaissait leurs parents : c’est donc
lui qui va rédiger les nécrologies des soldats morts sur le front, il va louer les héros médaillés au combat, il va raconter les événements qui vont lier sa commune à la guerre, comme les
réquisitions, les journées dédiées à l’assistance aux Poilus, l’accueil des réfugiés venus des zones sinistrées, le retour des prisonniers et la construction du monument aux morts.
Prosper Dupart va se mobiliser pour soutenir l’effort de guerre en participant à la propagande patriotique, en relayant le discours officiel : c’était alors le rôle des institutrices et des
instituteurs.
Dans ce “Journal de la guerre”, plus de 400 noms sont cités : les familles de Saint-Paul-en-Born trouveront ici le souvenir de leurs aïeux et, pour certains, des témoignages poignants.
Préambule de Pascale Laplagne
Format 16 x 24 cm - 238 p. - ISBN 978-2-490608-13-3
Juillet 2024 - 15 € - Tirage limité à 300 exemplaires
Adishatz éditions se propose d'éditer des ouvrages sur l'histoire de Parentis-en-Born et du Pays de Born.
Les tirages seront limités (micro-édition - entre 100 et 650 exemplaires) et le prix de vente aussi peu élevé que possible.
Nous travaillons, pour certains ouvrages de la collection "Le passé oublié", en partenariat avec le Club Multicollections Parentissois (CMP), section "Le passé oublié de Parentis".
© Gilles Dubus pour l'ensemble du site
On s'en doutait un peu. Depuis plus de quarante ans, nos édiles ont ignoré cette vieille bâtisse, la laissant pourrir de l'intérieur. Sa fin est très proche, on va tirer un trait sur l'un des rares vestiges visible de la belle histoire de notre commune.
Avez-vous remarqué l'affiche clouée sur son mur ? Sa condamnation à mort est annoncée en toutes lettres depuis plus d'une semaine, un promoteur immobilier est même déjà prêt à le détruire, à l'effacer, à le remplacer par une construction, certes moderne, mais sans âme... Que pensez-vous de cette "barre" au "nouveau centre-ville" de Sanguinet ? Qu'y a-t-il de l'esprit et de la poésie néo-basque landais que nos anciens ont laissé sur nos terres ?
Depuis des décennies, nous avons vu partir des témoins de notre histoire : l'ancienne gendarmerie, les marronniers de la place de l'église, la gare de Parentis, qui aurait pu être intégrée au schéma de développement urbain, ou le musée du pétrole, ou l'esprit des allées Malichecq...
Prochain massacre (?), la villa Germaine, ou maison du Segot, qui sera probablement également condamnée.
L'Hôtel du Lac et des Pins est intimement lié à l'histoire de notre commune, et à l'histoire de l'aéropostale, avec Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet, et d'autres encore que vous découvrirez bientôt dans une nouvelle publication qu'Adishatz éditions vous invite à découvrir depuis le 5 février 2020. C'est non seulement l'histoire locale qui est racontée dans ce livre tout en couleurs qui retrace l'aventure exceptionnelle de ce bâtiment, mais avant tout il y est évoqué l'âme collective de nos anciens qui respire encore dans les pierres de cet honorable « Hôtel du Lac et des Pins ».
Nul doute, quand les démolisseurs entreront dans la danse, il n'y aura plus que des larmes pour s'opposer à leur dessein.
Y a-t-il un « pouvoir des larmes » ?
G.D. 12/2019
La guerre 14-18 a été une véritable catastrophe démographique pour le pays. Environ 20 % des soldats tués avaient entre 19 et 27 ans en 1914 : ces jeunes hommes ne fonderont pas de famille, ils
n'auront pas d'enfants, des générations futures vont manquer à l'appel.
A Parentis, on ne note aucun mariage entre le 29 août 1914 et le 14 mars 1916, seulement 3 en 1916, 6 en 1917 et 7 en 1918. Il y aura un effet « rattrapage » en 1920 avec 46 mariages, mais
l'effet est trompeur et ne sera que de courte durée.
Concernant les naissances, depuis 1903, il n'y avait jamais moins de 30 enfants par an : il n'y en a plus que 22 en 1915, conçus avant la mobilisation, puis 15 en 1916, 12 en 1917, 13 en 1918.
Même si les chiffres nous disent que 42 enfants ont vu le jour à Parentis en 1921, et 39 en 1922, l'effet, ici aussi, sera de courte durée et ne suffira certainement pas à combler le lourd
déficit démographique.
Le dernier recensement avant la guerre, en 1906, donne à la commune une population de 2140 habitants. Le premier après guerre, en 1921, en donne 200 de moins, soit 1946 habitants. Dix ans plus
tard, la courbe est encore dirigée vers le bas : il n'y a plus que 1824 habitants en 1931.
En France, les lourdes pertes démographiques vont être à peine compensées par l'immigration.
Autre conséquence de la forte mortalité masculine liée au conflit, le rapport du nombre d'hommes et de femmes, appelé sex-ratio ou rapport de masculinité, montre un fort déséquilibre entre les
deux sexes, largement défavorable aux femmes.
Dans le département des Landes, il y avait un rapport de 1005 femmes pour 1000 hommes en 1911, il y en a 1090 pour 1000 hommes en 1921 : le sex-ratio est de 0,995 en 1911, et de 0,917 en 1921.
Ces chiffres montrent que la perturbation due à la guerre est manifeste. De nombreuses femmes ne trouveront pas de partenaires : elles seront condamnées au célibat et n'auront pas
d'enfants.
Gilles Dubus
extrait de l'ouvrage
"Parentis-en-Born et la Grande Guerre 1914-1918"
Une récente découverte à Parentis-en-Born nous permet de faire revivre une page d'histoire de l'art qui soulève un intérêt certain. Les membres d'un club culturel local ont redécouvert le vieux registre paroissial oublié pendant de nombreuses années, et qui a été tenu de 1866 jusqu'aux années 1950. Ce registre n'est pas à confondre avec celui des actes de baptêmes, mariages et sépultures, il était destiné à relater la vie de la paroisse et à consigner les récits et les souvenirs des anciens.
Nous sommes sous le règne de Louis-Philippe 1er et l'église se reconstruit après les épreuves que la Terreur révolutionnaire a fait subir aux monuments religieux et à leurs desservants. Les réparations de l'édifice parentissois ont attendu le milieu du XIXe siècle, quand la situation économique du Pays de Born commence à s'améliorer.
La fabrique1 de Parentis-en-Born se trouve être soutenue par des mécènes qui veulent restaurer la splendeur passée du monument en participant à son ré-ameublement et à sa décoration. Les noms de Dalis et Darmuzey sont restés dans les mémoires pour leur participation à l'achat des vitraux, et d'autres anonymes ont participé aux achats des autels, des statues et des confessionnaux.
Le registre paroissial nous apprend que l'abbé Lamarque acheta vers 1845 (la date n'est pas précise) des tableaux, mais il ne nous en décrit qu'un seul :
[page 17, § XXIII] La fabrique acheta des tableaux pour les autels. Le sujet de celui de l'autel principal est l'élection de St Mathias, présidée par le premier Vicaire de notre divin Sauveur. Il est dû au pinceau de Borras, peintre espagnol fort estimé, et il faisait partie de la riche galerie de Monsieur Aguado, banquier, décédé à Paris.
Saint Pierre debout y présente deux pailles à Barsabas, surnommé le Juste, et à Saint Matthias, de qui le choix est manifesté par une langue de feu qui descend sur sa tête, et dont le vif reflet empourpre ses vêtements.
La Sainte Vierge et Saint Jean sont à la droite de Saint Pierre, Saint Lazare et sa sœur, Sainte
[page 18] Madeleine sont à sa gauche. Ces personnages à genoux prient le Tout Puissant de vouloir faire connaître l'Apôtre élu dans les décrets éternels, pour remplacer Judas.
[Dans la marge, page 18, autre écriture] Ce tableau a été enlevé de l'église en 1922. Il était totalement dégradé, la toile pourrie, presque plus aucune trace des personnages.
Ce tableau provient de l'exceptionnelle collection d'Alexandre Marie Aguado (1784-1842), marquis de Las Marismas del Guadalquivir, vicomte de Monte Ricco. Banquier espagnol, il entre dans l'armée française avec le grade de colonel comme aide-de-camp du maréchal Soult. Il sera naturalisé français en 1828. Maire d'Ivry-sur-Seine en 1831, il avait acquis un hôtel rue Drouot à Paris qui abrite aujourd'hui la mairie du 9e arrondissement et dans lequel il avait installé sa collection de peinture qui était ouverte au public. À sa mort, il laisse une énorme fortune et sa magnifique collection de tableaux, riche d'environ cinq cents toiles, principalement du siècle d'or espagnol. La mise en vente eut lieu en avril 18432.
Le tableau est dû au pinceau d'un des grands peintres valenciens du XVIe siècle, Fray Nicolás Borrás (1530-1610). Vers 1560, cet artiste de la Renaissance3 décide d'embrasser la vie sacerdotale. On lui reconnaît aujourd'hui près de 171 oeuvres présentes dans de nombreuses églises et musées.
Cette toile longtemps exposée dans l'église Saint-Pierre de Parentis-en-Born illustre une scène relatée dans les Actes des Apôtres. Il s'agit d'élire un remplaçant à Judas et seuls deux candidats se présentent :
Dans les traditions orientales, Joseph Barsabas (ou Barsabbas) est présenté comme étant un des quatre frères de Jésus. On en sait moins sur Saint Matthias, si ce n'est qu'il fut très tôt un des compagnons de Jésus. La scène de l'élection peinte par Borrás a été peu représentée, en particulier le geste de Saint Pierre effectuant le tirage au sort à l'aide des deux pailles et le choix divin marqué par la langue de feu qui descend sur sa tête.
Au fil des décennies, dans l'église humide de Parentis-en-Born le tableau s'est considérablement dégradé. Dans la marge du registre paroissial, une note précise que la toile est pourrie et on n'y reconnaît plus aucun des personnages. Le tableau a été enlevé de l'église en 1922, sans doute jeté ou détruit car il a complètement disparu. Il ne nous en reste que ce témoignage qui précise que cette oeuvre figurait en bonne place au maître-autel, jusqu'à sa déposition.
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1La « fabrique » était une assemblée chargée de l'administration des biens de la communauté religieuse de la paroisse.
2 Catalogue de tableaux anciens des écoles espagnole, italienne... statues... composant la galerie de M. Aguado marquis de Las Marismas... Vente 20... 28 mars 1843... / [experts] Dubois, Wéry, - Paris : impr. et lithogr. de Maulde et Renou, 1843. - 92 p.
3 Une exposition au Musée
des Beaux-Arts de Valence intitulée « Nicolás Borrás (1530-1610) : un pintor valenciano del Renacimiento » lui a rendu hommage en 2010-2011. (http://bit.ly/2zfDmuV)
Gilles Dubus 2017
Article publié dans le Bulletin de la Société de Borda
2017, n°526, pp.256-257
La référence la plus ancienne concernant les marchés et foires de la commune date de 1526. Elle est signée par François 1er qui s’intéressa à Parentis en y établissant non pas une comme on a pu le lire, mais deux foires annuelles. Il signa l’acte royal en mai 1526 alors qu’il était à Cognac, sa ville de naissance[1]. Ajoutons que le seigneur de Parentis était son cousin Gaston de Bourbon Basian[2]. Nous ne connaissons pas les jours précis mais nous pouvons penser qu’une de ces foires pouvait se tenir lors de la fête patronale, fin août.
Deux siècles et demi plus tard, les révolutionnaires établissent de nouvelles fêtes et modifient le calendrier des
marchés : en 1798 il ne reste qu’un marché ordinaire qui aura lieu le primidi (premier jour de chaque décade), en alternance avec Pontenx. Mais aucune foire pour Parentis alors
que Biscarrosse en a une et Pontenx en a quatre.
L’histoire ne dit pas pourquoi mais il n’y a plus ni marché ni foire dans la commune en 1833. Le Conseil municipal
de Parentis-en-Born s’en plaint et pendant quinze ans, il va abreuver de demandes le Conseil général du département. Le dossier finira par aboutir en 1848 avec la création d’une foire annuelle qui se tiendra les 9 et
10 mai.
Les Parentissois ne pouvaient s’en tenir
là et ils demandent en 1855 la création d’une seconde foire à Parentis qui aurait lieu les lundi et mardi après la fête patronale de Parentis-en-Born qui a lieu le 4e dimanche
d’août.
La réponse du Conseil général est négative, en voici la cause :
« au point de vue moral, ces sortes d’assemblées multipliées détournent, ainsi que le montre l’expérience, les
habitants de la campagne de leurs travaux habituels et sont généralement pour eux une occasion de dissipation et de dépenses qui trop souvent compromettent le bien-être de leur famille. Le
Conseil est d’avis qu’il n’y a pas lieu d’autoriser la seconde foire sollicitée par la commune de Parentis-en-Born ».
Et nous voilà, cinq siècles après François 1er, dans une commune bien animée : s’il n’y a plus de foire, de
nombreux marchés ont pris place en centre ville. D’abord, tous les JEUDI matin, c’est le marché hebdomadaire qui se déroule
toute l’année de 8h00 à 13h00.
Pendant la saison touristique, uniquement en juillet et en août, c’est le marché estival, qui se tient le DIMANCHE matin, de 8h00 à 13h00. Et pendant cette même période, le MARDI soir, de pittoresques marchés nocturnes sont principalement consacrés à l’artisanat d’art (bijoux, vêtements...). Parfois, ils sont animés par des associations parentissoises.
Publié dans Parentis Point i n°154
d'avril/juin 2014