Visites touristiques à Parentis-en-Born dans les années 20

La lecture de « L’Avenir d’Arcachon », périodique édité de 1870 à 1934, nous renseigne sur les représentations idéales et symboliques que se faisaient les visiteurs et autres touristes de Parentis-en-Born. Voici quelques extraits, parfois savoureux, qui vont à l’encontre de certains stéréotypes :

Où aller en auto ? Allez contempler le coucher du soleil sur un de nos étangs landais. Hier, après avoir péché sur l'étang de Parentis avec M. Le Bourgeois, grand pêcheur de brochet devant l'éternel, nous avons vu de nombreux automobilistes admirant l'étang sous les rayons d'un admirable soleil couchant.

Nous recommandons aux touristes de ne pas quitter Parentis sans avoir acheté la crème d'Issigny que leur vendra la fermière du bord de l'étang, la ferme où l'on peut se rafraîchir et même déjeuner avec d'excellents confits, est située dans un endroit ravissant. On fera également une halte chez le fabricant des biscuits de Parentis si justement appréciés par les gourmets. (13-04-1931)

Dans une rubrique intitulée « ça et là », c’est une brève qui nous rappelle que le poète  Gabriele d'Annunzio, prince de Montenevoso, a vécu en Gironde et dans les Landes : C’est la ravissante promenade que des pensionnaires du Grand Hôtel du Moulleau ont faite mardi et que d’autres voudront refaire après eux. Le canot automobile mis à leur disposition par M. Labat leur a fait connaître tous les coins et recoins de cet adorable étang de Biscarrosse et de Parentis qu'aimait tant Gabriele d'Annunzio et sur lequel il venait souvent rêver parce qu'il lui rappelait la douceur poétique de ses plus beaux lacs italiens. (08-08-1929)

Un article un peu plus long témoigne du sens de l’hospitalité des Parentissois, et plus particulièrement du maire et de son épouse : Depuis longtemps les propriétaires des autos-cars arcachonnais m'avaient prié de leur indiquer les jolis coins landais, dans leur excursion de Sanguinet à Parentis. J'accompagnais lundi une joyeuse caravane de vingt touristes composés de Parisiens, d'Anglais, tous gens charmants. […] L'enthousiasme des visiteurs était unanime et dans tous les groupes on n'entendait que ces phrases : « Oh ! que c'est solitairement beau ! Que çà sent bon. Comme il ferait bon vivre ici.» Le chauffeur qui consulte sa montre à chaque instant, d'un geste impatient, nous fait remarquer que le déjeuner nous attend à Parentis et qu'il faut s'arracher à la contemplation de cet étang où les nénuphars pullulent comme des marguerites dans les champs.

Mais une déconvenue nous attend à Parentis en Born. Nous apprenons à l'hôtel du maire, et conseiller général Portalier que le coup de téléphone annonçant l'arrivée des voyageurs n'est parvenu que depuis un moment et qu'il n'y a pas de repas préparé. Il est près d'une heure et les estomacs crient famine. Mais voici Mme Portalier qui nous rassure avec son sourire de landaise accueillante, tandis que l'ami Portalier me dit, avec sa voix de chef politique : «On va arranger tout çà ! »

Et tandis qu'on prépare un repas improvisé, nous allons visiter dans l'Église le Christ sur la croix et la Vierge à l'Enfant Jésus, deux chef d'œuvres classés comme monuments historiques. Une visite aux belles arènes de courses de vaches s'impose, arènes en ciment armé qui nous rappellent que nous sommes dans le pays des écarteurs landais. Le repas est servi et tandis que le plus grand nombre des touristes pénètre dans la vieille auberge du plus pur style landais, je vais avec des amis pique-niquer dans une ferme accueillante, sous l'ombrage d'un tilleul au parfum suave et apaisant.

L'auto-car vient nous prendre pour nous conduire sur l'étang de Parentis. Les voyageurs sont ravis de leur repas. Cinq plats exquis, vin, café et pousse café pour quinze francs !! (17-06-1928)

Mais laissons maintenant la parole à Albert Chiché, rédacteur en chef de l’Avenir d’Arcachon, qui n’est autre que l’ancien député de Bordeaux aigri par sa dernière défaite électorale, qui vante la bonne gestion de la municipalité parentissoise pour mieux critiquer celle d’Arcachon :

Messieurs les étrangers, ne manquez pas de visiter les lacs situés au sud d’Arcachon : il n’y a pas d’excursion plus agréable. Après le lac de Cazaux, on trouve le petit, puis le grand lac de Biscarrosse au fond duquel est situé Parentis-en-Born. […] En une heure, une automobile vous conduira, par une route coupant en droite ligne l’immense forêt de pins, à ce chef-lieu de canton de 2150 habitants, jolie petite ville, ne disons pas village, propre, coquette, souriante, possédant une église surmontée d’un gracieux clocher, des arènes […]. Au dehors, les larges rues sont presque désertes, bordées de maisons simples, non dépourvues de quelque élégance ; l’une des plus belles appartient à un pêcheur. Ici, tout le monde est riche ; la commune, dont les revenus suffisent à ses besoins, ne demande aucun impôt. (25-04-1926)

Une version plus courte de texte a été publiée dans le journal "Point i"

du syndicat d'initiatives de Parentis, n°150, de juillet-août 2013.

 

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